Frayeurs

Lucio Fulci a réalisé cinq longs métrages qui resteront à jamais dans les esprits des véritables amateurs du cinéma d'horreur transalpin. Frayeurs est l'un des meilleurs, pour certains il n'est autre que le brouillon de L'Au-Delà qu'il réalisera bien après Frayeurs et pour d'autres, son meilleur film.
Par ma part, j'appartiens à la 2è catégorie. Ce film possède une atmosphère macabre très dérangeante. Les effets, les maquillages... sont vraiment réussis et aujourd'hui encore se maintiennent en terme d'efficacité. Comment ne pas être surpris par la séquence de la perceuse, si bien mise en scène, par contre il y en a d'autres beaucoup moins réussies mais qui apportent leur lot de moments forts comme la jeune fille qui vomit ses tripes. Le score du film colle parfaitement au métrage et amène le spectateur vers des sentiers rarement vu au cinéma. Ce film peut-être perturbant car la mise en scène de Fulci ne lésigne sur rien, il va jusqu'à imprègner l'écran du visage de ces morts-vivants, une technique typiquement Fulcienne.
Frayeurs accuse le nombre des années mais tout comme certains films cultes, il a apporté et apportera encore sa contribution au genre. Ce qui est original, c'est que les apparitions des morts-vivants ne sont que fantomatiques et pourtant - la traduction française du titre porte bien son nom - leur présence attise la peur, la frayeur. Chez Fulci il ne faut pas chercher de trame scénaristique quelconque mais l'efficacité de la terreur que ces films procurent. Avec une histoire toute simplette le master nous livre un déploiement horrible de ce qu'est véritablement le sens du mot macabre.

Je vais éviter de mettre ma critique de ce film...

ZeShape a écrit:Je vais éviter de mettre ma critique de ce film...

On est là pour débattre, Jeremy. Alors vas-y, je t'en prie, donnes-nous ta critique!

Oui si tu n'aimes pas au contraire il y aura matière à débattre.

Vous avez raison. Mais je ne voulais juste pas froisser les fans de Fulci en fait. Donc voici ma critique de 2003. Notez que j'y admets tout à fait mon manque d'objectivité face à l'univers du réalisateur.


Critique : S’il faut avoir vu plusieurs dizaines de films de Lucio Fulci pour devenir fan, je n’en suis pas un. Loin de là, vu que j’entame cette gigantesque filmographie avec Frayeurs (après avoir cependant assisté à quelques scènes d’un Aenigma relativement nul). Mais si l’éventualité est donnée de devenir fan de Lucio Fulci après avoir vu un seul film de lui, je n’en suis pas un non plus. Moi qui croyais que les films italiens dits “cultes” étaient relativement bons, je viens de me fourrer le doigt dans l’oeil jusqu’au... (allons-y) jusqu’au genou. Peut-être faut-il beaucoup de recul pour se rendre compte de toutes les merveilles qu’offre ce film, et que ce recul est nécessaire parce que le film commence à dater, mais d’autres métrages de la même période (voire plus vieux si on nomme par exemple Fog de Carpenter) sont bien meilleurs, notamment parce qu’ils ont le mérite (que dis-je ? la palme !) d’offrir un scénario et des scènes qui donnent le dit-frisson.

Frayeurs commence pourtant de manière (certes classique mais) assez intéressante. Un curé se pend dans un cimetière (on ne saura pas pourquoi et c’est dommage et facile de la part du réalisateur), ce qui ouvre une porte infernale (pourquoi pas ?) et libère les morts-vivants. Par soucis de suspense, ceux-ci vont attendre les dernières minutes du film pour se pointer. Notez au passage que le film s’appelle City of the Living Dead et que des morts-vivants, il y en a cinq ou six à tout casser. Mais le film se colle quand même une étiquette sur le pif : la chouette et toujours vendeuse mention “interdit aux moins de 16 ans”. Cette mention est certes adéquate vis-à-vis de certaines séquences gores (vomissage de tripes, arrachage de peau, perceuse dans le crâne...) mais il faut reconnaître immédiatement que ces séquences sont complètement inutiles et ont aussi tendances à atténuer la moindre once de peur que pouvaient provoquer ces scènes.

Prenons par exemple la fille dans la voiture qui voit avec effroi le curé pendu près d’elle et qui se met soudain à pleurer du sang. Les larmes rouges coulent abondamment, et le spectateur ne peut s’empêcher d’éprouver un certain malaise. Mais l’effet sera de courte durée puisque Fulci préfère jouer la surenchère en obligeant la fille à gerber ses boyaux pendant un temps beaucoup trop long. Idem pour le débile qui se fait percer la tête par un père furax. La séquence est longue à l’extrême et même si l’effet est visuellement réussi, la scène est idiote et encore une fois dispensable.

Faisons quand même un rapide tour sur la seule scène qui a eveillé chez moi un petit peu d’intérêt : la fille fraîchement morte qui se réveille dans son cercueil et qui (bien évidemment) panique complètement. Cette scène est particulièrement réussie grâce au fait que l’actrice parvient à partager son angoisse avec le spectateur, comme s’il se retrouvait enfermé avec elle entre quatre planches. Lorsque l’homme la sauve en plantant la pioche à plusieurs reprises dans le cercueil, nous ne sommes qu’à demi-rassurés étant donné que l’outil frôle à chaque coup de peu le visage de la pauvre victime.

Cette scène se noie pourtant dans les méandres d’une histoire complètement conne avec multiples personnages inutiles (le flic black du début, le jeune débile qui a peur de tout, le croque-mort qui maquille les dépouilles comme s’il s’agissait d’actrices porno, etc...). La porte des enfers est ouverte et une vieille médium dit à un reporter qu’elle doit être refermée avant la Toussaint. Ce dernier n’en a certainement rien à foutre mais qu’importe, il se lance dans l’aventure avec la fille du cercueil. Celle-ci semble déterminée à rompre cette malédiction qui menace la planète, mais sur le chemin, alors que le temps leur est compté, elle juge d’un coup plus urgent de trouver un restaurant pour satisfaire sa faim. Vraiment débile.

Super-curé continue à apparaître à tous bouts de champs à divers personnages qui finiront par mourir. Certains d’entre eux reviendront en état de putréfaction fort avancé (le curé lui-même est mort trois jours auparavant et son caveau est déjà bourré de toiles d’araignées !) pour montrer leur gueule et tuer deux-trois innocents. Les effets visuels des morts-vivants sont bien faits, mais leurs actions sont répétitives : ils arrachent le cuir chevelu et hop ! la victime meurt. Au passage, les morts ont aussi la faculté d’apparaître et de disparaître, ce qui est déjà bien ridicule, surtout lors d’une scène où les trois héros voient avancer lentement vers eux une zombie. Ils la regardent, elle marche, ils la regardent, elle marche. Et hop elle est d’un coup derrière l’un d’eux et le tue... en lui arrachant le cuir chevelu (vous aviez deviné ?).

Malgré que c’est long et vide, que rien n’est expliqué et qu’on accumule depuis près de 90 minutes des incohérences stupéfiantes, l’affrontement entre les héros et le curé maléfique approche. On espère un face-à-face sanglant et (après tout pourquoi pas effrayant ?), mais un simple coup de poutre dans le ventre du curé semble suffire pour le détruire, anéantir les morts et refermer la porte. Hallucinant ! Comme quoi, les films de morts-vivants ont effectivement tous tendance à se copier, mais peu d’entre eux sont capables de filer les chocottes. Parsemé d’une seule et unique et gavante (à la longue) séquence musicale et après un final pitoyable et incompréhensible, Frayeurs se termine enfin. Je me frotte les yeux et je range ce “classique” dans mon armoire. Ma déception n’a d’égale que la mollesse du film. Et dieu qu’elle est grande !!


En résumé : Frayeurs, le film qui n’en file aucune.

05/20

ZeShape a écrit:En résumé : Frayeurs, le film qui n’en file aucune.
05/20

ça c'est du Shape tout craché

Merci bien ! ^^
Très honnêtement, je viens de la relire, et j'avoue que j'ai bien rigolé...

ZeShape a écrit:
le croque-mort qui maquille les dépouilles comme s’il s’agissait d’actrices porno

Là j'ai bien rigolé aussi quand même! Mine de rien tu me donnes envie de le voir ce film!

Le titre original est La paura ZeShape, le film joue sur cet aspect et les morts apparaissent d'une manière fantômatique. La musique est excellente tout de même et super curé comme tu l'appelles fait son effet.

Tarantino c'est inspiré de ce film pour Kill Bill Vol. 2.

Guillaume a écrit:

ZeShape a écrit:
le croque-mort qui maquille les dépouilles comme s’il s’agissait d’actrices porno

Là j'ai bien rigolé aussi quand même! Mine de rien tu me donnes envie de le voir ce film!

À l'époque du site Insania, mes critiques ont très souvent été sévères avec les grands classiques. Ça a été ma marque de fabrique. D'ailleurs, quand j'y pense : c'est toujours le cas !

Sinon, je me doutais bien que le titre original ne pouvait être américain, mais il ne faisait qu'accentuer l'exagération qu'on colle à ce maigre film. Et puis "La Peur", c'est encore bien trop à mon goût.